[cross terminé] Escapade en mer

Elle ne sentait aucune trace d'aether dans la statue, il avait dû s'enfuir petit à petit. Elle ne pourrait plus servir d'obélisque.
Elle soupira de déception. Dommage, cela aurait permis de revenir ici facilement.
La jeune femme sentit plus qu'elle ne vit ou n'entendit Kiba s'asseoir à côté d'elle, son regard restait rivé sur la statue.

De ces ruines elle savait ce qu'elle avait pu en lire dans les archives. Elle savait pour Métron et Espera, connaissait la raison de leur retranchement ici. Est-ce que Sissel était au courant ? Elle se doutait que chaque Louve avait dû l'apprendre mais elle n'aurait pas parié sur d'autres personnes, même les plus proches.

Cette œuvre était un bel hommage à Emerine et à ce qu'elle avait accomplit.

Elle inspira profondément avant de tourner la tête vers Kiba, elle lui sourit doucement.

Tu parlais des visiteurs tout à l'heure. Il est sûr que je ne pourrai pas prévenir tous leurs gestes, néanmoins au final peu de personne arrivent ici, et la majorité ne repartent pas. Et puis... Le monde est dangereux ici ou ailleurs. On ne peut pas se protéger de tout.

Elle reporta son attention sur la statue. Quelque chose la calmait ici, elle ne savait pas si c'était l'endroit, Kiba ou les deux mais elle n'entendait plus rien.
Elle eut une petit moue triste, sûrement que sitôt sortie d'ici ça recommencera de plus belle.

Vous aurez plus de place sur la Grande et les villageois ne vous ferons rien. Il y a même fort à parier que les loups pourraient entrer dans le village sans que ça n'ennuie personne. Tant que tout le monde se tient à carreau... Enfin... Attention à Prane quand même ce gamin est une catastrophe ambulante finit-elle dans une grimace.

Saraban tourna la tête vers Kiba.

Je voudrais que tu restes avec moi dit-elle simplement.

Etait-ce enfin le moment, le moment où les loups pourraient remarcher auprès des hommes sans craindre pour leur vie. Il ne voulait pas trop y croire mais si les siens étaient d’accord alors ils tenteraient l’expérience. Quelque chose d’autre le chiffonnait, quelque chose de plus gênant, de plus personnel, de plus intime. Un loup est un loup, un humain est un humain mais lui qu’était-il ? D’esprit il se savait loup, rien n’aurait jamais pu lui faire penser le contraire. Mais de corps il n’était ni pleinement l’un ni pleinement l’autre… Elle avait le droit de savoir.

Kiba se releva et s’éloigna un peu, la tête basse, laissant s’échapper un soupir.

« Saraban… Regarde-moi… Regarde-les… Es tu sure de ton choix ? »

Kiba fixa un point au sol.

« Je ne serai jamais un de ces émissaires d’aion venu de Pandemonium couvert de somptueuses parures pour qui le repas se résume à tenir d’une main une tasse de thé et de l’autre un biscuit sec tout en discutant de politique… »

Il regarda le mur du fond en évitant de porter ses yeux sur la jeune femme.

« Je suis celui qui aime se laisser tomber au sol et serrer dans ses bras une de ces créatures, celui qui se ravi de l’odeur fauve et bestiale qu’ils dégagent là où tout autre trouverait que cela empeste. Celui qui grognera bruyamment pour le dernier morceau de viande… »

Il fit demi-tour et se rapprocha d’elle.

« Je pense, je réagis, je vis comme eux et cela je ne veux pas le changer, je suis un loup dans mon esprit… mais aussi dans mon corps… »

Il s’inclina et se saisit des bras de Saraban. Il se redressa, la forçant à se relever et la fixa dans les yeux. Ils brillaient de passion mais aussi de crainte.

« Je suis différent et ce que j’éprouve aucun humain ne le ressentira jamais. Es tu prête à l’accepter et à marcher parmi les loups ? C’est un chemin duquel on ne revient pas. Mais un chemin où je serai à jamais ton guide, ton protecteur, ton loup. »

Il ferma les yeux et posa les mains de Saraban sur son torse puis les libéra de ses paumes.

« Repousse-moi ou étreint-moi ma louve… »

Elle lui avait demandé de rester mais le désirait-elle encore aprés ce qu'il venait de lui avouer ?

Saraban sourit doucement en sentant les battements de cœur sous ses doigts. Elle appuya un peu sur le torse ce qui eut pour effet de laisser une fine marque due à ses ongles.

Elle l'avait bien écouté, jusqu'au bout. Mais ça ne changeait pas grand chose pour elle.
Même les siens l'avait toujours regardée comme si elle était une bête curieuse, la façon de se comporter de Kiba lui importait peu au final.

Ses mains glissèrent jusque dans le dos du jeune homme et elle se colla contre lui, enfouissant son visage dans son cou.

Que veux-tu que ça me fasse ? murmura t-elle.

Kiba ressenti une pression contre son torse, des bras se refermant dans son dos.

« Que veux-tu que ça me fasse ? » murmura-t-elle

Il savoura le contact de ses lèvres sur la peau de son cou et émit un petit grognement qui ne passa inaperçu pour aucun des loups présents. Savait-elle ce qu’elle faisait, la signification de ce geste. Elle le reconnaissait comme son mâle et son dominant. Kiba ouvrit les yeux et déposa un baiser sur son crâne, acceptant sa soumission et la responsabilité qu’il lui incombait dorénavant. Il referma ses bras autour d’elle, la laissant se délecter de son étreinte protectrice.

Il resta ainsi un long instant écoutant son cœur battre si proche du sien et son parfum se mélanger à ses propres fragrances. D’une main il releva doucement son menton et la regarda dans les yeux.

« Qu’ainsi tu es prévenue qu’il y aura des poils de loups sur le canapé et que je risque de courir après celui t’apportera du courrier. »

Dit-il sur un ton amusé en souriant avant de poser ses lèvres sur les siennes et de partager un long baiser. Lorsqu’il rompit son étreinte il garda une main dans la sienne et se tourna vers ses frères et sœurs. Il n’eut pas à parler, leur regard répondait déjà à la question qu’il se posait. Il n’aurait rien à leur demander le soir venu, leur réponse était déjà choisie, oui la Grande serait l’ile sur laquelle ils devaient s’installer.

Il se dirigea vers la sortie, entrainant Saraban à sa suite.

« Viens, laissons ce lieu en paix. Ce n’est pas ici que nous voulons vivre. Je vais rentrer avec toi au village pour y prendre les outils qui me permettront de réparer notre navire. Lorsque ce sera fait, la meute rejoindra la Grande et nous y chercherons un lieu ou nous installer, toi moi et tous les nôtres. Un lieu où bâtir notre tanière ? Maison ? Foyer ? Proche de la nature pour qu’ils puissent s’y épanouir et proche du village pour y accomplir nos responsabilités. Mais avant tout un lieu où tu te sentiras bien et tu redécouvriras la joie de vivre. »

La jeune femme se laissa entraîner vers la sortie. A mesure qu'ils avançaient le bourdonnement reprenait, il y avait quelque chose ici qui la calmait. Mais quoi ?
En repassant dans le couloir elle s'arrêta et décrocha un globe des murs pour l'emmener avec elle.

Avec ça on fait des prismes pour l'obélisque dit-elle en le montrant à Kiba.

Avec un seul elle pouvait en faire une dizaine, c'était bien suffisant pour l'instant. Elle n'aurait qu'à revenir si elle en avait besoin d'autres.

Elle continua à se laisser guider, complètement absorbée par le bruit qui prenait de plus en plus d'ampleur. C'était étrange.
Elle ne ressentait plus la menace d'avant. C'était toujours aussi dérangeant mais... Moins alarmant. A moins qu'elle ne soit juste complètement à l'ouest.

"L'obelisque ?"

Demanda Kiba.

Il remontaient à présent la faille pour rejoindre la forêt. Kiba jappa le rappel des siens. Les deux groupes de sentinelles se pressèrent alors de les rejoindre.

« Ho ! Mais n’est ce pas risqué ? Ne pourrait-on pas l’utiliser a mauvais escient et s’en servir pour envahir l’ile ? Qu’est ce qui empêche un non sibyllin d’user de cet obélisque pour rentrer sur l’ile ? »

Il y avait surement une protection, un mécanisme interdisant cela mais Kiba avait toujours été curieux de la magie aethérée. Une idée lui vint à l’esprit.

« Si je comprend bien tu pourrais rentrer immédiatement au village par cet obélisque si tu le désirais ? »

Kiba inclina la tête sur le coté et sourit.

« Oui cela à l’air compliqué, merci pour l’explication. »

Son frère, Oruki, lui avait toujours dit de répondre cela quand on avait rien compris et qu’on ne voulait pas qu’on vous le redise. Cela ne vexait pas l’interlocuteur et vous épargnait un mal de crâne.

Il regarda alors Saraban et pris un air très sérieux.

« Dans ta sacoche… Je t’interdis de l’utiliser ! Cela t’éloignerai de moi et c’est la dernière chose que je souhaite. »

Ils avançaient tous les deux en direction de la clairière. Les loups les suivaient et semblaient accaparés dans une discussion animée qui faisait de temps à autre sourire Kiba et lui arrachait parfois même un petit rire.

« Nous pourrions reprendre la barque en fin d’après midi, le vent tourne toujours en fin de journée et il nous pousserait vers l’ile principale… On y arriverait en pleine nuit mais ce n’est pas grave. Qu’en penses-tu ? »

La jeune femme braqua sur Kiba un regard douteux.

Tu m'interdis ?

Elle inclina la tête sur le côté et d'un seul coup son visage changea, illuminé par un sourire goguenard.

De toutes façons je ne connais pas de loup avec le pied marin, j'ai hâte de te voir en bateau gloussa t-elle.

Kiba posa son index sur ses lèvres et ferma les yeux. Son visage arborait une expression pensive. au bout de quelques secondes il ouvrit soudainement les yeux et se tourna vers Saraban l’air triomphant

« Oui oui je t’interdis ! Un : tu as dis que tu voulais que je reste prés de toi. Deux : ce cristal t’éloignera de moi. Donc pour respecter ta volonté tu ne peux pas utiliser ce cristal. Alors je t’interdis de l’utiliser pour mieux t’obéir. »

Il leva la main de Saraban qu’il n’avait pas lâché depuis les ruines et la posa sur l’emplacement de son cœur.

« Et puis je n’ai pas envie que tu t’éloignes de moi. »

Il secoua la tête.

« Et pour ce bateau je laisserai la barre à Atréia et elle nous conduira à bonne destination. »

Kiba passa une main derrière sa nuque et regarda le ciel.

« Pas si n’importe quoi que cela, comment crois tu que nous ayons débarqué sur cette ile ? »

Débarquer était un grand mot, ils avaient failli chavirer plusieurs fois et leur navire était à présent échoué sur un banc de sable, la cale inondé et une brèche dans la coque. Mais qu’importe n’étaient ils pas arrivés sain et sauf à destination ?

« Et puis… depuis quand n’as-tu plus ri ainsi ? »

Kiba regarda le globe et se pencha en avant pour le renifler. Il donna un rapide coup de langue dessus puis il posa une main dessus. Imperceptiblement il ressenti l’aether qui s’en dégageait. Il sentait les lignes d’aether qui reliaient le globe et l’extrémité de ses doigts. Il s'écarta un peu.

« Un prisme ? Cela pourrait m’être utile en effet si je me retrouve seul. Mais si je suis avec les miens alors il ne me sera d’aucune utilité. »

Il fit passer sa langue sur ses crocs.

« Oui j’en veux bien un.»

Saraban eut un petit sourire en coin accompagné d'un regard plein de malice.
Et bien voilà.

Il y a une chose à faire avant de pouvoir en avoir un.

Elle lâcha la main de Kiba et soupesa l'orbe des deux mains, le faisant rouler et tourner comme s'il s'agissait d'une énorme pomme. La circonférence était parfaite, pas une fêlure, pas un seul grain ne venait altérer la surface de l'objet.

Il faut que tu m'écrives une lettre dit-elle.

Kiba la regarde avec curiosité

"Une lettre ?"

Cela faisait maintenant presque cinq ans qu'il n'avait plus ecrit... Cela n'allait pas être aisé.

Kiba s’arrêta net, sa main s’ouvrit et relâcha celle de Saraban. Il s’écarta, appuya une main sur le tronc d’un arbre puis s’y adossa. Ses yeux pointaient au loin dans le vide, le regard inexpressif, des larmes coulaient sur ses joues.

Nande ? Nande konna koto ni naru n darou ? Norowareta no darou ka ?

Répétait-il dans un murmure.

Le grand loup blanc répondant au nom d’Akamaru s’avança et jeta un regard à Saraban. Qu’avait-elle dit pour le mettre dans un tel état ? Il se rapprocha de Kiba et frotta son museau contre son visage en émettant de petits jappements. Le jeune daeva ne cessa de répéter les mêmes paroles étranges.


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[HRP]

Nande ? Nande konna koto ni naru n darou ? Norowareta no darou ka ?

Signifie

Pourquoi ? Pourquoi est ce que ce genre de chose m'arrive ? Suis je maudit ?

« Nande ? Naande ? »

Kiba senti la pression de la main de Saraban. Il tourna la tête vers elle. Il esquissa un sourire mais il n’effaçait en rien la douleur qui perçait de ces yeux.

« Pourquoi ? ...Pourquoi tu me fais cela ? ...Pourquoi me rejettes-tu après m’avoir accepté.... Qu’ai-je fais de mal ?»

Le loup recula et s’assit sur ses pattes arrières. A le regarder on aurait dit qu’il était plongé dans une intense réflexion. Il se mit alors japper bruyamment, attirant l'attention de Kiba.

Akamaru se tourna vers Saraban et rapprocha son museau du visage de la jeune femme, il plongea son regard au fond de ses yeux et inspira longuement avant de souffler bruyamment. Il fit demi-tour et donna un coup de tête dans l’épaule de Kiba.

« AIIE ! »
« Kiba ! Cesse de geindre on croirait entendre Saigo… »
« Saigo ? Demo… »
« NON ! Tu te trompes »
« Demo… »
« Sert toi de ton esprit, dépoussière le pour une fois ! »
« Demo… »
« Les humains de l’autre île sont sa meute, elle veut que tu la rejoignes. Elle ne rejette pas notre meute. Elle s’est soumise à toi. »
« Tu .. tu es sur ? »
« Mon instinct le dit, regarde là elle s’inquiète et elle en souffre. »
« Elle souffre ? »
« Oui maintenant montre lui que tu es un Inuzuka et pas un chaton qu’on a jeté à l’eau »
« Je suis un idiot »
« Parfois oui et cette fois doublement.»

Kiba renifla avec peu d’élégance et tourna son regard vers la jeune femme.

« Saraban… »

Il posa sa main sur son bras et l’attira doucement contre lui.

« Pardonne-moi. Je tai mal comprise…. »

Il passa une main dans les cheveux de la jeune femme.

« Oui je défendrai ceux que tu protèges comme s’il s’agissait des miens… Oui je ne contesterai pas ton autorité sur eux… et je me soumettrais a tes ordres pour tout ce qui concerne 'la cohorte'...mais…»

Elle avait l'impression d'être entre les pattes d'un griffon en train de faire une embardée. Comme si elle était ballotée de partout, de tous les côtés.
Jusqu'ici elle avait toujours expérimenté toute seule les aléas de son propre caractère. Elle était volatile, changeante, extrêmement lunatique. Elle le savait.
Mais elle savait aussi que ça se passait dans sa tête, entre elle et l'autre. Il n'y avait jamais eu personne d'autre qui avait déclenché ces changements rapides.

Kiba lui avait offert une porte de secours, et maintenant elle s'apercevait que c'était tout aussi changeant et instable que ce qu'elle avait toujours connu.

Elle se laissa entraîner contre lui sans broncher. Les crissements sporadiques avaient laissé place au sempiternel bourdonnement.

Elle ne s'en débarrasserait jamais.

Jamais

Elle l'écouta jusqu'à ce qu'il ait terminé... Ou presque.

Mais ? dit-elle d'une voix plate.